Résumé
Une oeuvre à part
Chef d’œuvre de feu Tony Scott, scénarisé et dialogué par l’ami Quentin Tarantino, True Romance est probablement l’un des meilleurs films de son auteur, en plus d’être l’un des meilleurs films de sa décennie tout court. Deux heures intenses où le plaisir se fait sentir à chaque vision, encore et encore, sans lassitude, donnant presque envie de le remettre à zéro une fois le générique de fin défilant sur l’écran tant il est une explosion foisonnante de sentiments, prédominée par une banane revigorante. True Romance est tout simplement un film parfait ou quasi, atteignant le summum qualitatif dans chacun des points qui constitue le cœur d’une œuvre de cinéma passionnée.
Une histoire d'amour hollywoodienne
Récit d’une formidable rencontre romantico-tragique à travers un couple de cinéma fusionnel transfigurant chacun leur personnage, True Romance se mue au gré de sa folle aventure débridée en thriller ultra-violent, comédie douce, drame touchant, road movie barré sur un air frais de liberté et surtout romance ennivrée et dévastatrice.
D’un côté, il y a Christian Slater, qui obtient le rôle de sa vie avec le geek Clarence Worley, touchant dans sa solitude de célibataire trentenaire, au milieu de son monde composé de films bis, de comics et de musique en grand passionné d’Elvis qu’il est. Clarence, c’est tout un pan de la culture pop américaine personnifiée et c’est surtout Tarantino lui-même, incarné au cinéma. C’est aussi un homme simple, bon, à la générosité incalculable, à la bonne humeur communicative et qui n’attend qu’une chose, qu’un ange tombe du ciel pour venir éclairer son existence et combler le seul manque qu’il éprouve inconsciemment, pour mettre un peu de piment dans sa vie sympa mais monotone. Et sa solitude devinée va s’illuminer de la plus belle des façons, avec l’arrivée de la magnifique Alabama, call-girl exploitée et ange déchu, dont l’énergie positive dégagée, résonne avec celle de Clarence pour provoquer une alchimie foudroyante et magique. Alabama, c’est une Patricia Arquette plus belle que jamais et qui, rien qu’à son jeu pétillant et rafraîchissant, fait instantanément vibrer la phrase de Clarence dite à son père : « elle a un goût de pêche ». Et c’est d’ailleurs le goût qu’a le film tout entier : un goût de pêche estivale, fondant sur la langue avec délicatesse au doux regard d’une des plus belles histoires d’amour jamais contée au cinéma. On serait presque dans une romance à la Disney, un conte féérique parfait et enchanteur, où un doux prince charmant des temps modernes fait la connaissance d’une belle princesse d’aujourd’hui.
Mais ce couple qui ne demande rien à personne, qui souhaite juste pouvoir profiter de leur nouveau bonheur passionné, ne voyait pas son chemin autant entravé par une réalité terrible qui les rattrape. Une réalité faite de violence, de barbarie, et qui va les ballotter entre drame et rage de vivre, de survivre, de surmonter toutes les embûches qui se présenteront face à eux, pour voguer vers ce qu’ils méritent et qu’ils souhaitent plus que tout au monde, leur vie à deux, ensemble, faite d’amour et d’eau fraîche.
Autour de ce couple génialement aimanté, Tarantino et Tony Scott font graviter une galerie de personnages incroyables et dont la force est d’être tous écrit avec un traitement parfait leur permettant d’être mis en valeur chacun dans des moments d’anthologie où ils dépassent leur simple fonction dans le récit pour aller chercher le mythique, le mystique même, chacun ayant une vraie caractérisation lui offrant une étoffe toute particulière dans un film pas loin du choral. Aucun personnage n’est bâclé, des stars de premier plan aux plus infimes troisième rôles. Tous existent et apportent une dimension culte aux quelques scènes qu’ils ont à vivre.